Isabelle (alias @leontineetisabelle) a 55 ans et elle est bibliothécaire. Elle est maman de deux « poulettes », l’aînée Elise, 27 ans et la seconde, Clara, 21 ans.
Elle partage un appartement avec un gros chat : Léontine, 6,740 kg de câlins. Isabelle vit en Picardie, à quelques encablures d’Amiens.
Son appartement est rempli de livres, d’origami et de tasses fleuries. Isabelle a connu des choses très sombres quand elle était petite (Isabelle a été victime d’inceste), c’est pourquoi maintenant elle donne toute la place à la couleur et à la douceur. Sa maison c’est son cocon et sa déco y joue un rôle doux, apaisant, rassurant.
Depuis combien de temps vis-tu dans cet appartement ?
Depuis un peu plus de 4 ans. Mais je vis dans cet immeuble depuis 11 ans. J’ai habité pendant 7 ans dans l’appartement d’en face, dans le même couloir !
Avant cela je vivais avec le papa de mes filles dans une grande maison d’un village à côté d’ici. Et puis le divorce est passé par là. Les bibliothécaires sont gentilles mais ne gagnent pas beaucoup de sous ! Cet immeuble est un logement social... à la campagne !
Comment est structuré l’appartement ?
Il y a un grand salon / salle à manger / cuisine en L. Et puis deux chambres, une salle de bain et un toilette. La plus grande de mes poulettes a vécu très peu de temps dans cet appartement. La plus petite poulette a quitté le nid l’année dernière.
Il y a donc une chambre inoccupée ?
Il arrive encore que Clara vienne dormir chez Maman... Pour le moment elle a emménagé dans un appartement meublé mais quand elle aura son appartement elle récupérera son lit, ses meubles. Je pourrai alors investir les lieux pour y ranger plein de choses.
Où passes-tu le plus de temps chez toi ?
Dans le salon et dans ma chambre. Quand je lis, j’aime me pelotonner sur mon lit !
Chez toi il y a beaucoup de petits détails un peu partout. Comment cela se construit-il ?
Ça se construit sur la durée, le long terme. Même si avec le divorce j’ai choisi de tout recommencer à partir d’une page blanche. C’est à ce moment-là que j’ai dégoté mon mado rose ! Et puis j’ai ajouté les bibliothèques Billy de IKEA les unes après les autres et en fonction des arrivages de livres !
De temps en temps je fais du tri et je donne. Mes deux petites poulettes ont parfois envie d’objets qui sont à la maison, et bien sûr... je leur offre !
Depuis quand t’intéresses-tu à la déco ?
Depuis toujours j’imagine. J’ai peu de souvenirs de mon enfance mais je me souviens des lieux, des odeurs et des objets. Ma grand-mère paternelle avait un mado. C’est pour ça que j’en ai un moi aussi ! Elle avait un mado dans sa cuisine et elle glissait dans les portes vitrées de son mado des photos, des cartes postales... Et je fais la même chose. J’aurais aimé récupérer celui de ma grand-mère mais il a été jeté... J’ai donc cherché le mien (sur un site de seconde main) et je l’ai trouvé... dans le quartier de ma grand-mère ! Il était vert à l’époque. J’ai aussi des souvenirs précis de la vaisselle chez mes autres grands-parents, les assiettes aux motifs de pochoirs, les bols à carreaux et les cuillères bien bombées... Déjà petite je choisissais le bol que je trouvais le plus joli pour prendre mon petit déjeuner. Je me raccrochais aux objets. J’ai vraiment toujours aimé ça !
Tes souvenirs d’enfance influencent ta déco ?
Oui, je me rends compte que je reproduis pas mal de choses de mon enfance : le mado comme celui de ma grand-mère, les rideaux fleuris comme chez ma nounou. J’ai aussi été très marquée par la maman hollandaise d’une de mes copines d’école qui faisait beaucoup de choses elle-même, c’est probablement son influence qui m’a donné envie de coudre moi-même mes coussins.
J’observais tout et j’étais déjà sensible à ce que je trouvais beau.
Ma nounou aussi a joué un rôle dans la construction de mes goûts. Elle avait un jardin très fleuri. Quand j’ai eu une maison j’ai immédiatement choisi de mettre moi aussi des fleurs partout ! Elle m’en a d’ailleurs donné pour que je les plante. J’aime reproduire les lieux que j’ai trouvé beaux.
Pourtant la déco de ton appartement est très singulière.
Effectivement j’ai investi mon appartement au-delà de la reproduction des jolis lieux que j’ai pu croiser. Mon appart c’est moi. Il me ressemble à moi. Bien entendu j’ai été nourrie de mes modèles d’inspiration qui sont encore bien présents, mais ma patte à moi prédomine.
Qu’est-ce que ton intérieur dit de toi ?
Mon intérieur c’est mon nid, mon refuge.
Je le fais le plus beau possible (pour mon goût à moi) avec les petits moyens dont je dispose. Il est rempli de livres car je ne sais pas vivre sans. J’adore les origamis et les papiers japonais... comme les livres, les origamis sont en papier... C’est sûrement lié.
Le tout est saupoudré de beaucoup de couleurs. J’ai besoin de couleurs. Je n’aime pas le noir en déco. Je ne veux pas de noir. J’en ai trop eu dans ma vie. J’aime le blanc et les couleurs pastel. Ma déco témoigne de ce dont j’ai envie de vivre profondément : j’ai un grand besoin de douceur, et j’ai fait en sorte que mon intérieur m’en apporte. Elle dit aussi de moi que j’accorde de l’importance aux détails.
En effet il y a plein de détails très hétéroclites chez toi.
Oui ! Il y a des tas de petits objets japonais, des fleurs séchées, des petites gravures de Matild Gros. J’aime la créativité que permet la déco. Quand je vais chez les gens j’aime bien tout observer ! L’intérieur reflète la personnalité de ses habitants. Quand il fourmille de détails et qu’il vit ... c’est un intérieur réussi !
Il y a beaucoup de poésie dans tous ces détails.
La poésie est entrée dans ma vie quand j’étais petite fille. A ce moment je vivais des choses très dures car je suis une victime d’inceste. Je pense qu’à cette époque les poésies m’ont permis de rêver une vie plus douce.
Origami, objets japonais ... tu as un lien particulier avec le Japon ?
Oui ! Pourtant je n’y suis jamais allée. Mais j’aime la littérature de ce pays. J’ai eu un véritable de coup de cœur pour l’autrice Ogawa Ito et son roman La Papeterie Tsubaki.... Encore une histoire de papier !
Disons que l’univers de la littérature japonaise m’apaise. Or, à cause de mon histoire, de la violence que j’ai subie dans mon enfance et qui me submerge encore régulièrement, je suis en perpétuelle recherche d’apaisement.
Ton besoin d’apaisement se ressent dans la douceur de ta déco.
Forcément. C’est ma vie, mon histoire. Les couleurs douces de ma maison, c’est l’inverse de ce que j’ai subi.
Les livres ont une place importante dans ta vie et du coup une place importante dans ta déco.
Oui, un mur entier est occupé par mes bibliothèques IKEA achetées au fur et à mesure de mes besoins de stockage littéraire. Et j’ai aussi une petite étagère murale que je dédie aux livres que j’aime vraiment beaucoup. Elle est pleine de couvertures de livres colorées. Cette étagère est un joyeux mélange de livres, d’objets et de couleurs.
On y trouve un bouquet de papier. Encore du papier ?
Oui, j’aime beaucoup l’univers d’Adeline Klam, qui a une boutique de papiers japonais. Je fais d’ailleurs beaucoup d’origamis qui sont éparpillés un peu partout dans ma déco. L’origami c’est joli à regarder et le minutieux pliage... ça apaise !
Tu as aussi une sacrée collection de petites tasses colorées dans ton mado.
J’aime beaucoup les univers suédois, danois et norvégiens. Ils m’inspirent beaucoup pour mon chez moi. J’ai donc des verres en mélamine de la marque RICE (c’est danois). Ils sont plein de couleurs. J’adore choisir le verre que je vais prendre pour me servir un verre d’eau ! Je regarde les couleurs, les motifs et je choisis selon l’humeur du jour ! Je les achète un par un depuis 20 ans. Mes filles m’en ont offert aussi !
Quel est ton dernier achat déco ?
Ce sont des cadeaux. On m’a offert un petit poisson koïnobori, un porte-bonheur japonais. C’est une broche mais j’ai décidé de la poser sur ma petite étagère maison ! Elle m’a été offerte par une personne qui a vécu la même chose que moi et qui m’a contactée pour pouvoir en parler. Elle l’a fabriqué pour moi en prenant pour modèle celui qui est dans ma chambre.
J’ai aussi une lectrice de la bibliothèque qui m’a offert une carafe arcopal avec des petites fleurs orange, du modèle scania.
Qu’est -ce qui fait qu’un objet va avoir la chance de se retrouver sur une étagère de ton salon ?
J’aime les choses colorées, les fleurs, le rose et le bleu. Le bleu c’est vraiment ma couleur préférée. C’est une couleur apaisante et douce.
Ta déco est féminine, presque enfantine.
Une des amies de ma fille est un jour entrée et a dit... « on dirait une maison de poupée ». Et c’est vrai ! Tout se passe bien dans une maison de poupée. Pas de danger. C’est rassurant.
Y a-t-il des objets que tu garderas toute ta vie ?
Ma table de salon. Quand je l’ai achetée c’était une table haute. Je voulais une table conviviale pour prendre le thé et faire de jolis goûters.
Je ne pourrais la laisser que si elle devait partir chez une de mes filles.
Et puis il y a mon mado bien sûr.
Qu’a-t-il de si particulier ton mado ?
Il est beau mon mado... Je lis beaucoup de livres pour enfants dans lesquels les objets parlent... et bien je pense que si mon mado parlait il serait gentil ! Ça se voit qu’il est gentil !