oct. 18, 22

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Les aventures de Mahana #2

Meredith a 29 ans, elle est architecte dintérieur. Lannée dernière elle nous dévoilait son grand projet : partir à bord de son van (qui sappelle Mahana) à la rencontre des acteurs de lhabitat éco-responsable. A l’époque, son van, un J7 Peugeot de 1975 vert pomme, était sur le billard pour subir quelques réparations, un joli lifting et surtout accueillir un aménagement en bonne et due forme pour devenir un habitat nomade. On fait le point sur le projet de Meredith ! En voiture Simone !

Quand as-tu pris la route pour la première fois avec ton van Mahana ?

Je suis partie au mois davril 2022. Javais fait une première tentative de départ au mois de novembre 2021 et jai vite rebroussé chemin. Jai tenu un mois et demi mais lhiver cela ne peut pas fonctionner : il fait nuit très tôt à partir de 17h on ne croise plus un rat ! Donc humainement c’était trop dur. Comme je navais pas envie de subir mon projet, jai préféré le décaler. Au mois de novembre je nai donc fait que deux « initiatives ».

Quest-ce que tu appelles « initiative » ?

Cest le fait daller à la rencontre de personnes qui ont des projets qui gravitent autour de lhabitat éco-responsables. Cela peut-être des auto-constructeurs de tiny houses ou des acteurs de la rénovation responsable. Ça peut être aussi des fournisseurs de matériaux responsables, des décorateurs qui travaillent dans cette veine. 

Depuis ton « vrai » départ en avril 2022 tu as plutôt parcouru le centre et louest de la France.

Oui, car javais vu pas mal dinitiatives dans ce coin-là. Cela ma permis de concentrer un peu mon itinéraire. Je prends au moins une journée pour visiter, comprendre, interroger, photographier les gens que je rencontre et leur projet. Et à lissue de cette rencontre je retranscris tout ce que jai vu et compris. Puis je partage mes découvertes sur les réseaux sociaux. Jai accumulé pas mal de connaissance sur ces sujets. Depuis avril, je suis allée à la rencontre dune dizaine dacteurs de lhabitat éco-responsable. Et ce nest pas fini !

Raconte-nous la vie en van ? Quest-ce que cest une journée type ?

Je me réveille tôt et je lance vite ma journée. Il faut savoir que quand on vit et on travaille dans un van il faut tout ranger très vite pour passer du mode nuit au mode jour. Cela me prend pas loin de 45 minutes. Il faut vérifier que j’ai de leau. Je dois aussi checker que mes panneaux solaires ont bien chargé ma batterie. Et ensuite je me mets à bosser sur mes projets d’architecture d’intérieur. Je suis très productive le matin. 

En général, pour déjeuner, je pars avec ma couverture, ma salade et je pars pique-niquer dans la nature. L’avantage avec un vieux van vert pomme c’est que les gens viennent à ma rencontre pour poser plein de question. Humainement c’est très chouette. L’après-midi je le consacre davantage à approfondir tous les sujets autour de l’aménagement éco-responsable. 

Ça, cest quand je travaille dans mon van. Sinon, je prends la route à bord de Mahana pour aller à la rencontre d’initiatives dès le petit matin. Et quand mes interlocuteurs me voient arriver à bord de mon van, cest magique. Ils sont hyper surpris. Mahana est un excellent camarade pour briser la glace. Ils sont souvent surpris que je sois la propriétaire du van. Cest très drôle.

Où gares-tu ton van ?

Ma réalité est moins glamour que les clichés que lon peut voir sur le web. Je ne gare pas mon van dans des paysages isolés et paradisiaques genre sur une falaise surplombant la mer. Je suis une femme seule, il faut donc que je fasse un peu attention. Je vais dans des aires de camping-car ou dans des campings. Jaime aussi beaucoup les mini-campings chez les particuliers. Je partage des moments avec les gens qui hébergent. En général, ils connaissent bien la région et ont plein de choses à raconter. Ce sont des moments très riches. Je reste environ 3-4 jours au même endroit. Mais cest une erreur, il faudrait réduire mes déplacements et prendre plus le temps et savourer mes rencontres.

Comment choisis-tu les étapes de ton parcours ?

Cela peut être motivé par une initiative que je veux découvrir. Cela peut aussi être pour faire une rando sympa, visiter un musée intéressant ou prendre café dans un petit village pittoresque. Je prends du temps pour moi et cela me rend plus créative. 

As-tu trouver ton rythme facilement ? 

J’ai eu du mal au début. Que ce soit pour le road trip ou pour le boulot, il fallait que j’anticipe mon organisation et je ne savais pas trop comment faire. Cest très différent de ce que javais connu jusque-là en étant étudiante puis salariée. J’étais très inquiète de savoir si j’étais dans la bonne démarche. Heureusement, jai pu rencontrer et interroger dautres nomades et comprendre comment ils géraient leur équilibre vie pro et vie perso sur la route. Et jai fait le constat que ma faiblesse cest d’être en solo. Cest forcément plus dur quand on est aux manettes de sa vie pro et au volant de son van en même temps. 

Mais au fait quel est ton métier ?

Je suis architecte d’intérieur nomade. 

En démarrant laventure Mahana et mes road trip à la rencontre dinitiatives autour de lhabitat sain et durable, je savais que je voulais continuer mon métier mais je ne savais pas comment cela allait sorchestrer. Finalement, après le long réaménagement de mon van et à la suite des premières rencontres dinitiatives, cela sest dessiné tout seul et je me suis naturellement spécialisée dans laménagement de micro habitats. Je crée des aménagements pour des vans, des tiny houses, des chalets, des cabanes. Je me suis vraiment spécialisée dans les tout-petits espaces. En revanche, comme je suis architecte dintérieur nomade, il y a des prestations que je ne fais pas, car je ne peux pas les faire. Par exemple je ne suis pas en capacité de faire un suivi de chantier. 

Par ailleurs, je travaille sur des projets de rénovation responsable. Je suis en formation permanente sur cette partie. Japprends au fur et à mesure de mes rencontres, des projets sur lesquels je travaille. Je ne sais pas tout mais, sur ce type de projets, jai la chance davoir des clients qui laccepte. Nous essayons ensemble de trouver des solutions responsables et durables. Cest une méthode de travail très enrichissante et cela moblige à aborder mon métier sous un autre prisme. La question nest plus de choisir entre deux gris mais de sinterroger sur la possibilité demployer des matériaux biosourcés, sur le mode dacheminement dun matériau, sur les valeurs « responsables » des artisans qui vont travailler sur le projet, sur les qualités énergétiques de lhabitat. Bref, les enjeux de mon métier sont en train de changer et cest bien !

Que retiens tu de ce premier road trip et quels sont tes projets à venir pour le suivant ?

Côté vie perso cela m’a appris à être résiliente car une aventure comme celle-ci est semée d’embûches. Jai aussi eu plus de temps seule, et ce temps seule, jai eu besoin de le tourner vers les autres.

Côté pro aussi cela a changé ma relation aux autres. J’ai réalisé que les porteurs de projet à impact comme les clients que j’ai accompagné étaient davantage animés par un projet de vie et des valeurs plus que par un savoir-faire et des compétences techniques. Cela a complètement bouleversé ma vision de mon métier. Et cela a aussi un impact sur mes méthodes de travail : avec certains clients nous avons travaillé en mode collaboratifs et j’ai autant appris d’eux qu’eux de moi. Cette démarche fait partie de l’ADN de mon agence.

Pour le prochain road-trip, car oui, il y aura pour sûr une édition 2023, je réduirai mes temps de voyage et ferai durer mes étapes un peu plus longtemps. J’en profiterai aussi pour accueillir régulièrement différents co-pilotes. Avis aux intéressés !

Vous avez râté le premier article de Meredith ? Découvrez-le ici